Le Movement brownien pour les homes ou L'incertitude de la vie
Je ne sais pas exactement quand j’en suis arrivé à la conclusion que la vie est un pari. Pour la plupart des gens, les chances de vivre longtemps et de prospérer, comme le dit le proverbe, sont raisonnablement bonnes, mais ce n’est pas une valeur sûre. Vous avez probablement entendu parler, ou lu, d'une personne qui a dormi trop longtemps et a ainsi raté un vol qu'elle devait prendre, ce qui s'est écrasé et a tué tous les passagers. Quelles étaient les chances pour cet individu ou pour ceux qui sont décédés ?
Quand j’avais cinq ans, les chances de voir mon sixième anniversaire étaient presque nulles, jusqu’à ce qu’un événement improbable les change, il y a soixante-dix-huit ans. Ce qui s'est passé? Pour vous l’expliquer, je dois vous ramener dans le temps jusqu'à mes tout débuts.
J'ai deux histoires à raconter, ou, si vous préférez, deux parties d'une même histoire. Elles ne se chevauchent pas dans le temps, mais elles vivent ensemble, côte à côte et entrelacés dans ma conscience et mon inconscient. La première partie est mon enfance en France, interrompue et fracturée par l'occupation nazie. La deuxième partie est mon immigration et ma vie en Amérique. La première partie n’a duré que douze ans et demi mais a laissé une impression indélébile sur mon psychisme, et c’est la seule partie que je raconte ici.